Baignade Interdite #6
2017
ALB. MARCOEUR & QUATUOR BÉLA (fr) – BILL ORCUTT (us) – ZA! (es)
THE ONE ENSEMBLE (uk) – FLAMINGODS (uk) – HOUSEWIVES (uk)
GOLDEN ORIOLE (nw) – SKRAP (nw) – D. YILDIRIM & GRUP SIMSEK (eur)
URS GRAF CONSORT (fr) – LOUIS MINUS XVI (fr) – BÉGAYER (fr)
SHEIK ANORAK (fr) – ANIL ERASLAN (tur/fr) – PETIT BONHOMME (fr)
LA MANTA (fr) – KUNICHIRO BUENO & YANN JOUSSEIN (jpn/fr)
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Vendredi 1er septembre 2017
Sur le site des bassins
Une voix ô combien singulière, un regard espiègle, un brin burlesque, et plein de malice sur l’absurdité du quotidien. Comme on le dit des nombres qui ne sont divisibles que par eux-mêmes et par l’unité, Albert Marcœur est un musicien premier : un modèle irréductible à un quelconque genre, et même à ce titre simplificateur de Frank Zappa français qui lui fut décerné dans les années soixante-dix. Sa rencontre avec le Quatuor Béla, fascinant quatuor à cordes tout-terrain, ajoute une étape de choix dans son parcours de figure libre.
21h40 – GOLDEN ORIOLE (nw) | Colossus norvegicus
Un duo viscéral et intense, né des cendres de l’excellemment sauvage combo Staer, qui se situe dans la droite lignée des héros norvégien du genre (Noxagt, Ultralyd…), et qui martèle, dans une blanche et froide ambiance, une sorte de funk-no-wave répétitif, entêtant et irrésistible. Pas de place au doute là-dedans, ça file droit, il y a quelque chose d’imparable, d’implacable. Une maîtrise rythmique hors du commun, et une énergie colossale, étirée, inoxydable, concassée, qui ne peuvent que forcer au respect et à la fascination.
https://soundcloud.com/thegoldenoriole
22h50 – LOUIS MINUS XVI (fr) | Royal quartet
Rejeton bâtard d’un jazz d’aujourd’hui passé sous la douche abrasive du noise, Louis Minus XVI joue des codes et stéréotypes. Un hommage en creux à ce roi un peu pâlot, dépassé par les événements, dont le seul fait d’armes est d’avoir péri décapité après une fuite en forme de farce, par ce quatuor lillois qui démontre que l’habit ne fait pas le moine – pas plus que le roi. À grand renfort d’une rythmique qui alterne tour à tour entrechats délicats et embardées free, le jeu est mené par un duo de saxophones qui se répondent, se croisent et s’émancipent selon les phases.
https://louisminus.bandcamp.com/album/kindergarten
00h00 – SHEIK ANORAK (fr) | Noise is sexy
L’hyperactif Franck Garcia, lyonnais puis nouvellement suédois, n’a cessé depuis plus de dix ans de retourner les sens à grands coups de projets et d’albums (la plupart édités sur son label Gaffer records) allant s’établir aux quatre coins des styles, passant volontiers de la mélodie la plus pure au parfait assassinat sonore. Sheik Anorak est le projet solo du bonhomme, univers singulier de boucles de guitare supra-efficaces qu’il accompagne d’un chant aérien, derrière les fûts de sa batterie, échos lointains d’un monde fleurant bon un indie-rock bruitiste, engagé et hypnotique.
https://www.youtube.com/watch?v=TVGCloQTCns
01h00 – FLAMINGODS (uk) | Exotica foutraque
Les Flamingods (collectif écartelé entre Londres et Dubaï, mais dont la plupart des membres sont originaires du Bahreïn) entretiennent la flamme d’un syncrétisme musical géographique, temporel et stylistique : un psychédélisme orienté transe tranquille, une pop « monde » mystique construite sur des rythmes tribaux du monde entier, et transcendée par un luxuriant bric à brac électronique plus ou moins maitrisé́. La légende raconte que le groupe s’est constitué lors d’une jam session marathon de presque dix heures au festival All Tomorrow’s Parties, en Angleterre, en 2010.
https://www.youtube.com/watch?v=KyxG2sIxDA0
Samedi 2 septembre 2017
11h00, à l’Église de Rivières – Le QUATUOR BÉLA joue JANACEK – BEETHOVEN (fr) | Fougue et panache
Brillant ensemble à cordes aux choix singuliers, audacieux et joyeusement décomplexés, aux interprétations rigoureuses et enthousiasmantes, impressionnant dans des répertoires inattendus et ouvert à des formes musicales peu orthodoxes, le Quatuor Béla confronte de manière lumineuse les œuvres d’hier et d’aujourd’hui.
http://quatuorbela.com
Programme :
– Leoš Janáček : Quatuor à cordes n°2 « Lettres intimes » (1928)
– Ludwig van Beethoven : Quatuor à cordes n°16, op. 135 (1827)
15h00, lieu surprise – ANIL ERASLAN (tur/fr) | Violoncelle orientable
Anil Eraslan emprunte allègrement des ponts entre orient et occident, intègre brillamment sa culture d’origine en mêlant jeu sur les modalités, techniques vocales, écriture avec quarts de tons typiques de la musique turque (ou classique ottomane) à la musique contemporaine et au jazz. Absorb, c’est le titre de ce solo. L’exploration musicale se fond dans la recherche de lumière et la quête de soi. L’absorption du son fait alors écho à ce qui nous permet de voir les corps et les objets : l’absorption de lumière. Effets de miroirs, pirouettes et nouvelles destinations.
https://soundcloud.com/anilthecellist/sets/absorb
Bassins de la Piscine d’Aiguelèze
16h30 – BÉGAYER (fr) | Chanson primitive
Bégayer est un trio de petits mecs savants qui jouent la musique de leurs rêves avec des mains de mécaniciens, une décontraction d’auto-stoppeur, des gestes punks. La musique de leurs rêves est faite de rock primitif et des rumeurs d’outre-occident, de chanson expérimentale et de jeux d’enfants, d’une certaine musique contemporaine jouée sur des instruments maison à la manière d’un orchestre de rue. Bouts de poèmes articulés en français bien cocu, distorsion magique, mesures impaires égarantes et drôles, oui vraiment, Bégayer porte bien son nom.
https://begayer.bandcamp.com/
18h00 – SKRAP (nw) | Girls just want to have fun
Skrap est Heida Karine Johannesdottir Mobeck au tuba et effets, et Anja Lauvdal aux synthés. Skrap reste une parfaite énigme qui répond mal à toute tentative d’analyse ou d’explication. Insaisissables, autant à leur aise dans une pop ultra formatée que dans l’abstraction pure et une expérimentation toute personnelle, les deux norvégiennes rayonnent dans un éclectisme total, animé par des contrepieds fréquents, une exploration bouillonnante de grands pans de la musique populaire, un jeu d’échantillonnage radical et des improvisations vertigineuses.
https://www.youtube.com/watch?v=ZkfoSyrtIjQ
20h30 – THE ONE ENSEMBLE (uk) | Folk de chambre
Ce quartet écossais propulsé par l’éminent Daniel Padden (l’un des membres du cultissime duo Volcano The Bear), à l’identité bigarrée et l’instrumentation opulente, rassemble dans des symphonies exigües des éléments traditionnels d’Europe de l’Est, du minimalisme ésotérique et un psychédélisme de chambre lacé par des cordes. Ces ménestrels d’un folklore renouvelé prodiguent ainsi divers récits et contes humblement hantés d’une certaine mélancolie et débouchant sur des territoires inconnus.
https://vimeo.com/82277844
21h40 – ZA! (es) | Catalunya delirium
De prime abord, impossible de se douter qu’ils font tout Za! à deux. Et pourtant, armés d’un aplomb sidérant, les catalans un poil énervés Papa Du Pau et Spazzfrica Ehd utilisent à peu près tout ce qui leur tombe sous la main pour façonner une musique marquée au fer rouge, démente, chaotique et protéiforme. Un manifeste musical bruyant, brillant, jouissif qui prouve (si besoin était…) que oui, la musique expérimentale peut être euphorisante. Atypique, énergisant et hautement recommandé pour les celles et ceux qui voudraient se remuer.
https://www.youtube.com/watch?v=E4_adcsZ0RA
22h50 – KUNICHIRO BUENO & YANN JOUSSEIN (jpn/fr) | Imprévisible
Ils forment un duo né de voyages initiatiques à Tokyo en 2015. Kunichiro utilise autant la danse que le circuit bending (c’est à dire une multitude de jouets ou objets électroniques désossés), la flûte nokan et les wood block japonais. Il fabrique ses propres costumes. Yann Joussein marie les sons de batteries acoustique, amplifiées et électroniques. Un duo surprenant tant dans les formes (danse, costumes, jouets …) que dans le son.
https://www.youtube.com/watch?v=RAOwxmIAmuM
23h50 – HOUSEWIVES (uk) | Mécanique abrasive
Pas étonnant que Charles Hayward et Thurston Moore aient flashé sur ces londoniens, tant l’ombre de This Heat et Sonic Youth plane tout autour. C’est carré, voir rigide. Un peu bancal. Post-punk expérimental et germes no-wave. Ça se répète, ça désaccorde, ça grince. On se croirait revenu à l’époque bénie d’un hardcore rugueux et dépouillé de toute posture inutile. Housewives ne caresse pas dans le sens du poil. Housewives ne se laisse pas déborder. Housewives est un créateur de bruits transcendants. Housewives est un bloc.
https://housewivesband.bandcamp.com/album/work-sold-out
01h00 – PETIT BONHOMME (fr) | Bras-banjo & pieds-tambours
Tambours bruts, peaux détendues, jeux de jambes, pédales mécaniques, banjo barjot, cordes incisives, jeux de mains, manivelles hydrauliques. Renouant avec sa lubie de jouer des musiques traditionnelles sans les connaître, Petit Bonhomme propulse des tourneries plus ou moins factices, plus rustiques qu’exotiques, caustiques et ludiques, moins bancales qu’amicales. Polyrythmique, polyphonique, polytimbré, polyglotte et politique; pourtant pas poli, ni police pour autant, ni lisse, ni-nihiliste.
https://petitbonhommebanjo.wordpress.com/
Dimanche 3 septembre 2017
9h30, au bord de l’eau – LA MANTA (fr) | Drone sentimental
Adepte d’un drone électroacoustique à la fois contemplatif et expérimental, La Manta réunit deux musiciennes dévouées aux musiques de recherche sous de multiples formes : Clara de Asís (guitare électrique préparée mise à plat), et Karen Jebane aka Golem Mecanique (manipulations de voix, boîte à bourdon, bandes, citare…). Elles jouent dans le cadre de ce projet la carte d’une musique de transe suspendue, hypnotique, d’une beauté qui se laisse entendre comme présence dense et simple à la fois.
https://www.youtube.com/watch?v=AG2lsMGnrok
Bassins de la Piscine d’Aiguelèze :
11h00 – URS GRAF CONSORT (fr) | Drame musical instantané
Combinant dramatique et grotesque dans un sentimentalisme épuisé, Urs Graf Consort est formé de chansons d’amour et de mort agglutinées par une pâte de latin de cuisine, une couche de cris de morse et des dépôts d’harmonies baroques. Un groupe à formation variable alternant comme chien sans laisse no-wave en bois et fulgurances pop déjetées, compositions mutantes à mesures asymétriques, vocalises polymorphes et ventripotentes, rythmes rudimentaires, mélodies ivres et lymphatiques. Il y est question d’amour et de précarité, de sport et de réussite, de fantôme et de démaquillant.
https://ursgrafconsort.bandcamp.com/album/viv-r
13h00 – BILL ORCUTT (us) | Blues nihiliste
Du blues en phase terminale, qui ne respecte plus rien, ni notes, ni accords, ni mélodies. Du blues viscéral, brutal et distendu, primitif au sens le plus strict du terme. Auteur de disques tout aussi insensés que puissants sur le label-phare Mego, Bill Orcutt semble mettre tout son cœur et toute son âme dans chacune de ses fulgurantes attaques. Une approche-coup de poing hors du commun, totalement habitée et possédée. Des sons piqués, tirés, une virtuosité à l’envers, sa musique fait ce qu’elle veut et c’est tant mieux.
https://www.youtube.com/watch?v=USlBuN_g5T8
14h00 – DERYA YILDIRIM & GRUP SIMSEK (fr/uk/tur) | Turkish delight
Formé par une jeune et envoûtante chanteuse germano-turque et dont la présence scénique en laissera bon nombre pantois, accompagnée d’un collectif « outernational » de musiciens très avisés, Derya Yildirim & Grup Simek ressuscitent la pop électrique anatolienne des années soixante-dix, en scellant leur union dans ce beau lit de saz acide, quarts de ton psychotropes et guitares wah-wah fuzz fascinantes couleur retro-vintage. Des arrangements d’orfèvre et un groove à la fois lancinant et implacable.
https://vimeo.com/193156365