Baignade Interdite #7
2018
FUMAÇA PRETA (uk-nl) – GUM TAKES TOOTH (uk) – BOB LOG III (us) – HAN BENNINK (nl)
SHOPPING (uk) – BORJA FLAMES (es-fr) – ENSEMBLE 0 (fr) – OLIMPIA SPLENDID (fi)
13 YEAR CICADA (de) – PADDY STEER (uk) – OSILASI (be) – ORGUE AGNÈS (fr)
JULIAN SARTORIUS (ch) – GROS OISEAU (ch) – NOYADES (fr) – YEGOR ZABELOV (blr)
INGAR ZACH (no) – ALEX MENDIZABAL (eh) – NOÉMI BOUTIN (fr)
SELEN PEACOCK (fr) – CLÉMENT NOURRY (be) – DEFOMOTÖR (xl)
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Tracklist
La programmation 2018 du festival reste dans la droite lignée des précédentes, fidèle à cette volonté féroce de défricher en toute liberté, de privilégier découverte et prise de risques, tout en éclectisme, en grands écarts, en dérapages plus ou moins contrôlés, en affichant cependant quelques tendances nouvelles assez peu représentées ces dernières années.
Commençons par les poids lourds, dans des registres très différents mais qui définissent tout de même l’ADN des musiques défendues ici : les londoniens de GUM TAKES TOOTH, qui symbolisent à eux seuls le rapprochement parfait entre musique abstraite et mécanique dansante, le vétéran du free-jazz européen HAN BENNINK, le seul et unique one-man-band et apôtre d’un blues crasseux et possédé BOB LOG III, et FUMAÇA PRETA, figure de proue du fantastique label exotico-weird Soundway Records, aux côtés des Meridians Brothers ou autres Flamingods. Ajoutons tout de même PADDY STEER, ovni masqué traçant un train d’union improbable entre rumba et musique concrète, et qui a marqué les esprits lors du dernier Sonic Protest parisien.
Un peu nouveau dans le contexte de ce festival, signalons la présence de groupes pour lesquels on osera brandir le qualificatif de pop, même si celle ci se veut oblique et aventureuse : SELEN PEACOCK, dont les arrangements d’une grande élégance transcendent le classique format « chanson », les allemands de 13 YEAR CICADA, très peu présents sur les scènes françaises, et dont le disque sorti sur Gandula (label de Za!) nous a littéralement assommés, l’émigré BORJA FLAMES, véritable Robert Wyatt hispanique, tout à son aise dans la famille d’une nouvelle chanson française (La Souterraine, Arlt…) et enfin l’ENSEMBLE 0, qui, bien que français, ont surtout connu le succès grâce à leurs harmonies d’orfèvres naïves et lumineuses… au Japon !
Cela n’exclue pas, bien au contraire, des propositions plus étranges et expérimentales, qui restent toujours la marque de fabrique du festival : l’artiste sonore ALEX MENDIZABAL, deux percussionistes, JULIAN SARTORIUS et INGAR ZACH, parmi les plus brillants de la scène improvisée / contemporaine européenne, CLÉMENT NOURRY, guitariste nomade et inspiré du groupe Yôkaï, et ORGUE AGNÈS, rapprochement interstellaire d’individus au parcours déjà semés d’embuches (Sourdure, Kaumwald, Èlg).
Il y a aussi cette tradition des solos, souvent dans des lieux incongrus : cette année nous aurons le plaisir d’accueillir NOÉMI BOUTIN, violoncelliste virtuose (proche du Quatuor Béla et Fantazio), pour un programme réunissant Bach et Britten. Et YEGOR ZABELOV, accordéoniste biélorusse illuminé dont le dernier ciné concert a été créé dans et pour… une piscine !
Enfin, les fondamentaux, un rock créatif, inventif, sans retenue ni barrières. Et les filles sont à l’honneur : le duo belge OSILASI, échappées féminines de Guili Guili Goulag et Vitas Gerulaitis, OLIMPIA SPLENDID, trio de finlandaises écorchées remarquées par Thurston Moore, et SHOPPING, trio funk compulsif issu de la riche scène londonienne. A leur côtés, on pourrait dire la réponse masculine, même s’il est toujours stupide d’opposer les genres (ce festival en est la preuve), GROS OISEAU, proto-hip-hop synthétique et foutraque, et NOYADES, combo furieux et psyché d’une efficacité redoutable et redoutée.
Enfin il y a DEFOMOTÖR, qui reste et restera un mystère pour tout le monde jusqu’au jour J.
Programmation
Jeudi 30 août 2018
– Lieux surprises, à Aiguelèze : 3 solos éblouissants pour ouvrir le bal –
20h30 – CLÉMENT NOURRY (be) | haïkus soniques
Echappé des bruxellois Yôkaï, compagnon de Nicolas Michaux, il est l’héritier des grands maîtres de la guitare instrumentale américaine, avide de grands espaces et de nouveaux horizons musicaux, Clément Nourry trace des haïkus soniques, des madrigaux électriques et des ritournelles obsédantes.
21h30 – HAN BENNINK (nl) | maître tambour
Il est inconcevable de résumer en quelques mots la trajectoire incroyable de ce batteur néerlandais, dont les facéties scéniques, le large sourire et l’énergie inaltérable en ont fait un personnage unique des musiques créatives européennes, depuis cinq décennies. Citons juste, en balises d’une longue et sinueuse route : Éric Dolphy, ICP Orchestra et The Ex.
22h30 – GROS OISEAU (ch) | électro purgatoire
Punk abrasif, post hip-hop, Gros Oiseau concocte une soupe douteuse. Beats bricolés, synthés rachitiques, convulsion des basses et vocaux étranges tranchent la réalité et dérangent les plus extravertis. On rajoute des bongos idiots, des maracas et des petits violons, et la mixture se met à bouger toute seule.
Vendredi 31 août 2018
Au forum
19h00 – ALEX MENDIZABAL (eh) | livreplems fi dorme
« Livreplems fi dorme » : Livre des problèmes de forme, en 7 chapitre-concerts d’une demi-heure, ou moins, chacun.
Une recherche des genres non-composites, entre fugues, débandade, diminutions fréquentielle et matériaux doux. Ne rien faire est doux.
https://www.youtube.com/watch?v=2NbcuiexRjI
À noter : 7 rendez-vous avec Alex Mendizabal, par petits groupes et sur inscription, pour des propositions aussi courtes qu’uniques, tout au long du week-end.
Vendredi à 19h, samedi à 14h, 16h, 18h, 20h et dimanche à 10h, 12h.
Bassins de la Piscine d’Aiguelèze
20h30 – PADDY STEER (uk) | samba synthétique
Pharaon-scaphandrier en apesanteur au dessus d’un entassement étrange d’instruments anarchiquement entreposés, synthétiseurs antédiluviens, percussions et pelotes ébouriffées de câbles, Paddy Steer monte au front dans ses costumes invraisemblables, tendant un arc électronique bricolé entre le tribal et le galactique.
21h30 – SELEN PEACOCK (fr) | pop oblique
Selen Peacock est un groupe naviguant entre pop oblique et jazz sous-marin. Ils étirent les contours de leurs chansons pour en faire de petites planètes : une musique sans coutures de son ou de style, entre chansons naïves et développements d’outre-ailleurs.
https://selenpeacock.bandcamp.com/album/grand-2
22h30 – JULIAN SARTORIUS (ch) | objets bien frappés
Le batteur suisse Julian Sartorius, seul sur ses fûts, repousse sans cesse les limites du possible. Il est capable de démontrer en deux coups trois mouvements que la batterie est une chose intacte qui remue les fondements sans jamais renoncer à son pouvoir dansant.
https://www.youtube.com/watch?v=UKqZ1Dlwe5I
À noter : 3 rendez-vous avec Julian Sartorius, par petits groupes et sur inscription, pour des balades sonores en grande proximité.
Vendredi à 18h, samedi à 10h et 12h.
23h30 – SHOPPING (uk) | no-funk compulsif
Ancrés dans la culture post-punk de la fin des années quatre-vingt, les jeunes anglais de Shopping marquent les esprits et les corps par leur musique nerveuse et fascinante, érudite et primale, jubilatoire, sans fioritures. Des riffs incisifs et vitaminés, funky et froids, une mécanique inépuisable et aliénante.
0h30 – GUM TAKES TOOTH (uk) | détartrage sonique
Experts de l’électrocution épileptique à la mode anglaise, cette machine à deux hommes est réputée pour ses lives incendiaires et sa musique aussi surnaturelle que déglinguée. Inventif, labyrinthique, planant, hypnotique, frénétique, vertigineux… tout ça à la fois.
Samedi 1er septembre 2018
Quelque part dans le village
11h00 – OLIMPIA SPLENDID (fi) | mélopée monolithique
Bricolage noisy lo-fi servi par un trio féminin finlandais. Décalé, strident, rugueux. Du rock brut et rudimentaire. Hypnotique jusqu’à la dernière goutte. Secoué, pas remué. Un boogie d’amiante, servi aux glaçons. À peine bu, on en redemande.
15h00 – INGAR ZACH (no) | résonances boréales
Ingar Zach, musicien emblématique de la scène expérimentale norvégienne, semble privilégier l’évènement sonore au détriment d’une expressivité exacerbée. Il se concentre principalement sur une grosse caisse orchestrale, horizontale, dont la peau, terrain de jeu mis en vibration par de multiples objets, révèle mille et uns trésors sonores.
Bassins de la Piscine d’Aiguelèze
17h00 – NOÉMI BOUTIN (fr) | nono cello émoi remplacée par JULIEN DIEUDEGARD (fr)
Julien Dieudegard nous invite au coeur de son répertoire favori. A la manière d’un cabinet de curiosités, le programme qu’il a conçu pour nous fait se côtoyer d’amples chefs d’oeuvres réputés et nombres de bijoux moins connus, de toutes époques et styles. C’est l’heure de la découverte! Programme : Partita en mi mineur de J.S Bach ; Amusement de L.G. Guillemain ; Sixième Caprice de N.Paganini ; Deuxième Caprice de S.Sciarrino ; Trois Miniatures de G. Kurtag ; Mélodia et Presto de B.Bartok ; Le Ménétrier de G.Enesco ; Ballade dédiée à Enesco de E.Ysaye.
18h30 – OSILASI (be) | post-velvet spirituals
Duo composé de Léa Roger (Guili Guili Goulag…) et de Célia Jankowski (Vitas Guerulaïtis…), influencé autant par les musiques traditionnelles que par les musiques électroniques. Toujours en tension, toujours sur le fil. Intériorité et physicalité. Modulation dans la répétition. Bourdon.
20h30 – 13 YEAR CICADA (de) | ballade berlinoise
13 Year Cicada brasse large et cumule autant les superlatifs que les influences les plus diverses : noise, rap, improvisation, psychedelia, synth pop, math rock. Auteurs d’un disque très remarqué sur le label Gandula (Za!, Big Ok…), ils nous honorent d’une de leur très (trop) rares apparitions en France.
21h30 – ORGUE AGNÈS (fr) | afrobeat cosmique
Projet techno-expérimental-improvisé plutonien et bruitiste, rapprochement interstellaire d’individus au parcours déjà semés d’embuches (Sourdure, Kaumwald, Èlg). On y retrouve une prédilection pour les sonorités analogiques, les vocaux distordus et les rythmiques chaloupées et entêtantes. Incantations élastiques.
22h30 – FUMAÇA PRETA (uk-nl) | exotica fuzz vaudou
« Impuros Fanaticos ». Loin d’un passéisme déplacé des expériences brésiliennes des années soixante-dix, Fumaça Preta défriche sauvagement les territoires inexplorés d’un psychédélisme tropicaliste enfumé et théâtral, transcendantal et chamanique.
00h30 – YEGOR ZABELOV (blr) | accordéon enflammé
L’impressionnant accordéoniste biélorusse Yegor Zabelov pulvérise les codes et stéréotypes d’un instrument avec lequel il fait corps, littéralement. Virtuosité vindicative et énergie intuitive. Étrange et hypnotique.
01h00 – BOB LOG III (us) | dirty blues legend
Combinaison scintillante de patineur artistique, casque d’homme canon vissé sur la tête avec un téléphone incrusté dans la visière, vissé sur un tabouret, Bob Log « The Third » est celui qui dépoussière le blues du Delta à la sauce lofi-trash, et ce depuis une bonne vingtaine d’années.
Dimanche 2 septembre 2018
Au bord de l’eau :
11h00 – NOYADES (fr) | transe incantatoire
Une hérésie, une course à la mort punk et psychédélique, à peine interrompue par des traversées d’un désert peuplé de drones méditatifs, de retours d’acide et d’incantations de rites chamaniques au cœur d’une grotte maudite.
Bassins de la Piscine d’Aiguelèze :
14h00 – BORJA FLAMES (es-fr) | tourneries ibériques
Entre la parole d’oracle pété au vin rouge et des haïkus envisagés comme des toupies, charivari de ritournelles torves, madrigaux synthétiques, percussions à la croisée du rythme de village et de l’agencement savant, évènements sonores incongrus. Une poésie découpée au ciseau.
15h00 – ENSEMBLE 0 (fr) | wild silence
L’ensemble 0 est un groupe à géométrie variable créé en 2004. Il interprète les compositions de ses membres et des pièces d’autres compositeurs. Le groupe fonctionne avec de nombreux collaborateurs réguliers et invités, pouvant ainsi changer, accroitre ou réduire son line-up à volonté en fonction de chaque projet.
16h00 – DEFOMOTÖR (xl) | mystère et problèmes mécaniques
C’est l’histoire de quelques amis, en route vers l’est, qui se retrouvent en panne avec leur 4L aux environs de Téhéran. Hébergés dans l’arrière-salle d’un resto suisse spécialisé dans les fondues de la capitale, le temps de la réparation du véhicule. Pour tuer le temps ils se mettent à la musique avec des instruments récupérés aux hippies de passage. Après quelques mois, d’innombrables jam sessions et une sévère intoxication alimentaire, les voila rapatriés d’urgence à Genève, où ils décident d’enregistrer un disque aussi sec, qui deviendra culte, et pilonné immédiatement. Pour vivre ils ouvrent un garage vegan, et on perd leur trace jusqu’à ce que le staff de Baignade Interdite les sortent de leur torpeur opiacée pour les trainer sur scène. Un concert unique et inoubliable, un cadeau du ciel !